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27/04/2011

Quatre ministres vantent au Medef la Tunisie nouvelle

PARIS (Reuters) - Quatre ministres du gouvernement provisoire tunisien ont fait mercredi à Paris la promotion d'une Tunisie "en train de changer en mieux", où ils espèrent attirer de nouveaux investisseurs français.

Quelque 300 chefs d'entreprise ont rencontré au siège du Medef une délégation tunisienne conduite par ces ministres issus du monde de l'entreprise et de la finance: Jalloul Ayed (Finances), Mehdi Houas (Commerce et Tourisme), Yassine Brahim (Transports et Equipement) et Saïd Aïdi (Formation professionnelle et Emploi).
"Nous sommes venus dire que la Tunisie est en train de changer en mieux et que les opportunités futures seront encore plus rentables et plus intéressantes", a déclaré Jalloul Ayed à la presse après la réunion.
Plus de trois mois après le soulèvement populaire qui a provoqué le départ du président Zine Ben Ali, beaucoup d'incertitudes demeurent sur l'avenir de la Tunisie, dont une partie devrait être levée à l'issue du scrutin du 24 juillet visant à créer une assemblée constituante.
Sans attendre cette échéance, le gouvernement provisoire veut relancer la machine économique. Un défi d'autant plus urgent que les troubles l'ont conduit à réviser à la baisse, de 5,5% à "entre 0 et 1%" la prévision de croissance pour 2011.
CHÔMAGE
Impossible dans ces conditions de créer les 85.000 emplois initialement envisagés dans le pays de quelque 12 millions d'habitants, dont la moitié a moins de 30 ans, où le taux de chômage est d'environ 14%.
Le gouvernement intérimaire a lancé le programme "Amal" ("Espoir") qui prévoit 130 euros par mois "d'argent de poche" pour les jeunes diplômés en recherche d'emploi. Jalloul Ayed a aussi évoqué des plans en matière de microfinancement et d'aide aux petites et moyennes entreprises.
Dans un entretien accordé à Reuters Insider le 16 avril, Jalloul Ayed avait déclaré qu'il était hors de question de renégocier la dette de la Tunisie, dont le déficit budgétaire ne devrait pas selon lui dépasser 5% du PIB cette année.
La France, ancienne puissance coloniale et premier partenaire économique de la Tunisie, a investi l'an dernier, selon le ministre, environ 800 millions d'euros dans son pays, dont l'économie est fortement dépendante du tourisme.
"Je pense que la France peut faire beaucoup plus et beaucoup mieux. A nous de faire les conditions pour que cet investissement soit attractif", a-t-il déclaré.
A Tunis la semaine dernière, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a annoncé le déblocage pour 2011-2012 de 350 millions d'euros de prêts par l'intermédiaire de l'Agence française de développement.
CHANGEMENT D'IMAGE
Au-delà des chiffres, c'est l'image de la Tunisie que les autorités tunisiennes voudraient voir changer dans l'esprit des entrepreneurs occidentaux.
"Les entreprises françaises ne doivent pas seulement regarder la Tunisie comme un pays de main-d'oeuvre bon marché mais comme un marché où il y a des opportunités réelles de création de valeurs via des partenariats", dit Jalloul Ayed.
Pour Yassine Brahim, France et Tunisie ont une "proximité de fait".
"Plus d'1,3 million de Français visitent la Tunisie en touristes tous les ans, beaucoup de Français retraités s'y installent. Il y a une histoire, une proximité géographique", rappelle-t-il. "On va partager plus de valeurs, maintenant que nous sommes devenus un pays démocratique".
"Nous sommes trois mois après la révolution, nos entreprises fonctionnent, le gouvernement de transition aussi malgré le flou constitutionnel, donc il y a une maturité, une volonté de réussite", a-t-il fait valoir.
Le durcissement des accords de Schengen envisagé par Paris et Rome inquiète le ministre du Commerce, Mehdi Houas, qui craint un nouveau système "handicapant" pour les entrepreneurs tunisiens.
"Notre révolution est réussie, mais la Tunisie reste un pays d'Afrique, un pays du Sud. Avoir des frontières avec une certaine porosité, c'est quelque chose de normal et de classique", explique-t-il, évoquant un "problème conjoncturel" qui doit être traité comme tel.
Lui préfère miser sur une remise en marche de l'appareil économique tunisien pour "donner de vrais espoirs aux Tunisiens" et les dissuader "d'aller chercher un eldorado difficile à trouver au Nord".